Présidence française de l’Union européenne : défendre nos valeurs et relever les grands défis de notre siècle

Présidence française de l’Union européenne : défendre nos valeurs et relever les grands défis de notre siècle

Le Président de la République a présenté aujourd’hui en conférence de presse les grands axes de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne (PFUE).

Le 1er janvier et pour 6 mois, la France présidera le Conseil de l’Union européenne. Il s’agit d’un moment rare : dans l’Europe à 27, la France n’exerce cette responsabilité qu’une fois tous les 13 ans.

Face aux défis sanitaires et économiques, à l’affirmation de puissances hostiles, ou au dérèglement climatique, la meilleure réponse est européenne. La devise de la PFUE – relance, puissance, appartenance – en est la traduction :

  • relance, parce que le réarmement économique de l’Europe est indispensable pour soutenir les Européens et leurs entreprises dans la crise sanitaire et pour affronter les grands défis de notre siècle ;
  • puissance, parce qu’elle est la condition du modèle européen, de la préservation et de la promotion de ses valeurs, mais aussi ces intérêts dans un monde hostile ;
  • appartenance, qui est notre raison d’être européenne, faite de culture et de valeurs communes, d’Histoire et de projets partagés.

Le Président de la République a décliné les trois axes qui guideront la présidence française, ainsi que les priorités que nous porterons.

Axe 1 : Une Europe plus souveraine

L’Europe souveraine, c’est d’abord une Europe capable de maîtriser ses frontières. Au cours de cette présidence, une réforme de l’espace Schengen sera engagé autour de 2 priorités :

  • la mise en place d’un pilotage politique de la maîtrise des frontières avec une réunion régulière des ministres de l’intérieur de la zone Schengen afin d’évaluer et renforcer les contrôles aux frontières extérieures ;
  • la création d’un mécanisme de soutien d’urgence aux frontières en cas de crise. Un Etat membre faisant face à une crise doit pouvoir compter sur l’appui de Frontex et sur le renfort solidaire des Etats membres.

L’Europe souveraine ne va pas sans défense commune. Cette présidence sera l’occasion de définir la « boussole stratégique », un livre blanc européen de défense et de sécurité qui à la fois présentera l’état des menaces et fixera nos choix collectifs et nos orientations.

L’Europe souveraine doit agir sur la stabilité et la prospérité de son voisinage. Depuis le début de son quinquennat, le Président de la République a fait de notre relation avec l’Afrique une priorité. Il nous faut encourager les échanges universitaires, scientifiques, artistiques entre nos sociétés civiles et nos jeunesses. A cette fin, un sommet qui réunira les dirigeants des pays de l’Union européenne et de l’Union africaine sera organisé les 17 et 18 février prochains à Bruxelles.

La question des Balkans doit également être abordée. Cette région est traversée de nouvelles tensions. Par plus d’engagement politique, plus d’investissements, nous devons favoriser l’intégration économique de la région, les échanges humains au sein de celle-ci, aborder la question des minorités, lutter contre les interférences étrangères. On ne pourra pas bâtir l’Europe de paix des 50 prochaines années si nous laissons les Balkans occidentaux dans la situation où ils sont aujourd’hui.

Axe 2 : Bâtir un nouveau modèle européen

La présidence française doit être l’occasion d’imaginer un nouveau modèle européen de croissance. Les 10 et 11 mars aura lieu en France un sommet des 27 chefs d’Etat et de gouvernement autour de ce sujet majeur.

Nous devons penser en Européens, et créer des filières industrielles fortes et intégrées. Hydrogène, batteries, espace, semi-conducteurs, cloud, défense, santé : dans tous ces domaines à haute intensité technologique, qui feront le monde de 2030, nous devons agir collectivement.

Ce modèle de croissance et d’investissement supposera des règles budgétaires adaptées permettant de donner la priorité aux investissements nécessaires pour accompagner les transitions climatique et numérique.

L’Europe doit concilier développement économique et ambition climatique.

En devenant le premier continent à adopter l’objectif de neutralité carbone, nous nous sommes fixés un objectif ambitieux. Nous devons honorer nos ambitions climatiques de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, tout en conservant notre compétitivité et en garantissant la justice sociale.

Nous mettrons en place, tel que la France le défend depuis quatre ans, une taxe carbone aux frontières de l’Europe.

La Présidence Française sera un moment clé pour pousser les clauses miroirs et avoir des exigences environnementales, sociales dans nos accords commerciaux. C’est une question d’équité : les acteurs économiques européens ne sauraient être les victimes de leurs efforts pour la planète.

Un nouveau modèle européen passe également par l’investissement dans le numérique. Nous devons soutenir l’innovation et la croissance des acteurs émergents dans ce domaine. Par ailleurs, nous devons définir nous-mêmes les règles pour le monde numérique. Nous avons déjà obtenu un accord international sur la taxation des multinationales, qui sera mis en œuvre en Europe d’ici le printemps. Lors de la présidence française, deux textes seront discutés avec le Parlement européen :

  • l’Acte pour le marché numérique, qui vise à éviter que les géants du numérique deviennent des monopoles sans règle ;
  • l’Acte pour les services numériques, qui établira un régime de responsabilité des grandes plateformes sur les contenus qu’elles diffusent et afin de lutter contre les discours de haine.

Ce qui doit distinguer le modèle de croissance européen des autres, c’est aussi notre capacité collective à proposer aux travailleurs des emplois de qualité, qualifiés et mieux rémnérés. Trois directives seront une priorité pour cette présidence :

  • la directive sur les salaires minimums dans l’Union Européenne ;
  • la directive sur la transparence salariale, qui vise à mettre fin aux écarts de salaires entre les femmes et les hommes ;
  • la directive sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises.

Axe 3 : Une Europe humaine

Nous aurons à conclure la conférence sur l’avenir de l’Europe au mois de mai. Elle doit nous permettre de rebâtir un élan fondateur pour une Europe plus efficace, plus proche de nos concitoyens.

Au cours de cette présidence, nous porterons comme nous l’avons toujours fait la question des valeurs, fondement même de notre Union. Nous mènerons ce combat pour la défense de l’Etat de droit comme nous mènerons le combat pour nos valeurs, celles de l’égalité et de la lutte contre toutes les haines et toutes les discriminations :

  • en visant à étendre la liste des infractions européennes aux crimes et discours de haine ;
  • en nous dotant d’une stratégie de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ;
  • en dotant l’Union d’une législation sur la lutte contre les violences faites aux femmes.

L’Europe, c’est aussi une Histoire commune. Le Président de la République souhaite lancer un grand travail sur l’Histoire de l’Europe, entre historiens, qui croiseront leurs regards pour forger une récit européen, commun.

2022 sera l’année européenne de la jeunesse. Le Président de la République souhaite engager une réflexion sur un service civique européen de 6 mois ouvert à tous les jeunes de moins de 25 ans. Nous devons passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de ses frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin. Ces principes guideront le sens de l’action de la France à la tête du Conseil de l’Union européenne.